Territoires et proximité… voeux pieux pour la démocratie à Bordeaux !

Communication
« Territoires et proximité »

Le conseil municipal du 30 avril a débuté par une longue communication du Maire à propos des dispositifs « quartiers » de la mairie…

Mon intervention:

1-L’exercice démocratique ne peut se limiter au contrat de base que la municipalité passe avec les citoyens au moment des élections. Un mandat électoral n’est pas un chèque en blanc. Il comprend des engagements sur lesquels tous les citoyens doivent pouvoir demander des comptes et il est confié sur la base d’une ligne de conduite générale. C’est à partir de cette ligne qu’est impulsée la politique de la ville et que sont lancées des actions concrètes auxquelles les citoyens doivent être associés, en amont, lors de phases de mise en œuvre et au moment des bilans.

2-Cependant, ce mandat n’est confié que par celles et ceux que la loi reconnaît comme électeurs. Or de nombreux Bordelais sont exclus des choix électoraux, soit parce qu’ils ne sont pas ressortissants de l’Union européenne, soit parce qu’ils ne sont pas en âge de voter. Et pourtant, au même titre que les citoyens disposant de droits civiques et politiques, tous sont des usagers et des acteurs de la ville. Rien ne justifie leur mise à l’écart. De même, deux catégories d’usagers de la ville méritent, selon nous,
une plus grande place dans l’exercice de la démocratie de proximité : les salariés travaillant à Bordeaux et les étudiants. Nombre de projets, urbains notamment, impactent, en effet, l’avenir des entreprises.

3- Pour en venir à votre communication du jour, un pêché d’orgueil persiste à vous faire confondre but et moyens. En  ommençant votre document par « les élus de quartier », vous allez à l’essentiel de ce qui vous anime depuis 2008 : tenter de légitimer la représentativité de « maires adjoints » de quartiers, qui ne sont absolument pas des élus de quartier,
– D’une part parce que les bordelais ne leur ont pas confié expressément cette fonction sur leur bulletin de vote.

– D’autre part  parce que certains n’y habitent pas.

– Enfin, parce que la  dimension cantonale de ces  huit quartiers est si vaste, qu’elle ne peut répondre aux particularités et identités de vrais quartiers qui les composent.

J’aurais tendance à dire que les seuls élus de quartiers sont ceux en qui les citoyens reconnaissent une utilité dans la vie du quartier… ils sont plus nombreux que les huit adjoints désignés par vous… et ils ne sont pas tous de votre majorité !

4- Sur la territorialisation des services, deux remarques :
– Oui, il faut trouver des solutions au manque de coordination, parfois à la superposition ou au conflit de compétences entre Ville, CUB, Conseil Général, et services de l’Etat et pas que sur des questions de voirie ou de propreté ! Cela passe par des moyens humains qualifiés à créer pour le service public municipal que vous aspirez pourtant à « dégraisser » !

– Quant au renforcement des missions de conseillers de secteur de l’Education, nous sommes très réservés si cela se réalise à moyens constants. En effet, ces nouvelles missions risquent de réduire fortement le travail de terrain, près des agents
des écoles, des nouveaux conseillers. Au final, on aboutira au contraire de la proximité affichée !

5- Equipements de quartier : il faut bien sûr construire les équipements publics dont les nouveaux habitants ont besoin… c’est loin d’être un luxe à Bordeaux qui manque de crèches, de gymnases, de piscines… Mais il y a un type d’équipement qui persiste à être absent de vos projets : les salles municipales, peu nombreuses et très prisées ! Un comble pour la vie citoyenne ! Qu’en est-il par exemple du projet de salle polyvalente du quartier Ginko ?

6- Le Fonds d’Intervention Local ne mérite toujours pas notre soutien. Cette cagnotte des baronnies de quartier continue à jouir du fait du prince… tantôt pour un projet associatif (mais pourquoi celui-là plutôt que tel autre ?)… tantôt pour suppléer au manque de budget d’un service de la ville… Pas de critères de priorités démocratiquement élaborés, pas de prise de décision collégiale, bref une politique clientéliste qui continue à nous choquer !

7- Sur la concertation, nous sommes aussi sévères :

– Le CODES sort juste de l’hibernation.

–L’agenda 21 court derrière le projet urbain.

–Le Projet social fait le grand écart permanent entre un volontarisme à engager des actions locales souvent pertinentes et l’absence de moyens structurels permettant d’enrayer la grande pauvreté créée par les politiques nationales et européennes
actuelles.

Les outils de concertations sont avant tout destinés à promouvoir et l’adjoint de quartier et  la politique du maire .

Les ateliers sont principalement investis par des habitants souvent cooptés, guidés par pléthores de collaborateurs de cabinet ou techniciens municipaux et CUB au service du projet validé en amont par le Maire.

Les réunions de rues, d’immeubles sont confidentielles. S’il est déjà difficile d’accepter que les élus d’opposition n’y soient pas invités, il est par contre inadmissible que nous n’ayons pas accès aux comptes-rendus et décisions prises par les services sous votre autorité.

Quant à la nouvelle organisation des conseils de quartier, nous craignons que cela se résume à « beaucoup de bruit pour rien » :

–  Certes la réunion 5 fois par an d’un collectif de 39 citoyens va dans le sens d’un travail partagé autour de l’adjoint.

– Sauf que ce n’est pas le quartier qui choisit de qui le représente : pour 1/3 c’est le sort (avec tous les risques d’absentéisme inhérents), et pour 2/3 c’est l’adjoint !

Bref une bonne attention, entravée une nouvelle fois par le pêché originel : la volonté de promotion d’un élu de votre majorité !